jeudi 21 octobre 2010

La créativité dans un sac poubelle

Stomp depuis 6 ans

Je les avais adorés il y a quelques années, lors de leur premier passage à Paris. Re-regardés sur youtube, le groupe australien est entretemps devenu presqu'un mythe. Balais, couvercles de casseroles, poubelles, jeux de cartes - tout est prétexte pour inventer des musiques aux sons bruts et subtils à la fois. Qui dit qu'il faut une batterie de professionnel pour créer du rythme, un Stainway ou un Stradivarius pour jouer à la grande musique?


Le spectacle de Stomp s'est renouvelé presqu'entièrement, en associant aux classiques batons et seaux d'autres objets de percussions. En racontant des histoires drôles sans paroles. En intégrant le spectateur aussi qui se rend compte, alors qu'il se crût béotien complet en matière de coordination et d'empreinte rythmique, qu'avec un guide compétent, il est capable de bien plus qu'il pensât être possible.

Stomp, c'est aussi l'éloge de la modestie dans le geste quotidien. C'est l'incitation à entendre la vie claquer, froisser, battre, chuchoter, bruisser, ruisseler. Avons-nous assez de verbes pour décrire toute cette gamme de sons, qui sont autant d'émotions, de ressentis et d'images? C'est finalement aussi un témoignage de l'humilité de l'artiste qui reste toujours possible, malgré le succès, la notoriété

En sortant du spectacle, on est un peu transformé, par l'ouïe aguérrie, stimulée, sensibilisée, oui : réveillée comme d'un sommeil profond, un peu comme ce qui se passe avec l'odorat, quand on ferme "le Parfum" de Patrick Süskind. C'est beau, c'est fort, et ça fait plaisir.