lundi 26 septembre 2011

Grimper dans la Vallée d'Aoste (Machabi) : Pilier Lomasti et Paretone

Du Gneiss, lissssssssse

Due giornate in Italia - c'est juste à côté, mais le dépaysement est garanti. Pas seulement à cause des villages dans lesquels les maisons se blotissent les unes contre les autres, les châtaigneraies avec des arbres centenaires et de vraies châtaignes grosses comme des prunes, ou à cause des pâtes qui sont cuites juste comme il faut, et les pêches qui descendent des arbres. C'est surtout parce que les Italiens rencontrés sont tellement accueillants qu'on a envie de rester là pour un bon moment. Dommage seulement que les chambres d'hôtes de la Maison de Noé dans le hameau de Revire au-dessus d'Arnad furent complètes. Du coup, on s'est logés dans la vallée, moins sympa mais des propriétaires charmants et des pâtes fraiches faites maison aux cèpes qui sont à tomber.

Le pilier de Lomasti fut notre choix pour le premier jour : plein sud, avec des voies bien équipées, mais aux cotes sèches, eh oui. Une montée dans une bellissima châtaigneraie, avec un chemin de pierre extraordinaire. Trois cordées sont déjà sur place, l'une notamment dans La Rossa e il Vampirla, la voie la plus connue. Du coup, on attaque Choc-o-drill, plus difficile mais très beau. Ok, je tire sur les clous dans le 6c déversant, d'autant que le Gneiss n'est pas un rocher auquel je suis habituée. Mais je me débrouille pas trop mal, toujours en seconde, j'entends! A côté, les deux cordées italiennes n'hésitent pas à se prendre des plombs, à se mettre au taquet, pour faire fuser quelques "Va fan culo!" bien carabinés. On rigole bien, et je les admire aussi de pouvoir aller ainsi jusqu'aux limites. On descend tout le pilier en rappel au bout des six longeurs, et très vite on est en bas. Casser la croûte au soleil alors que dans les Alpes il a neigé jusqu'à 1600m. C'est trop beau. De retour dans la vallée, on a encore une velléité de faire de la moulinette. Un 6a+ qui est tellement dur que je n'arrive à faire qu'une seule voie. Trop crêvée, et physiquement pas en top forme bien que les Gillardes ne datent que d'il y a un mois...

Le lendemain, on part au Paretone voisin. Là, on est gonflés car on s'attaque carrément à la voie la plus dure du secteur gauche : Sputnik. Le Gneiss n'est pourtant pas moins lisse que la veille, et le guide abandonne presque dans un passage super technique de la dalle de départ. Ca commence bien... Moi derrière je passe mais je n'ai pas vraiment de mérite. La dalle commence à être aprivoisée cependant, et elle amène dans un rocher technique pendant quelques longeurs. Ca passe bien pour moi, jusqu'au crux de la voie avec un 7a que nous faisons, bien entendu, en artif. Mais même pendu aux dégaines, cela reste un 6a+ bien tassé, super physique. Il reste même un maillon rapide d'une autre cordée sur un des points, signe d'abandon - et je les comprends bien. Là encore, les cotes sont sèches pour toute la voie, jusqu'à la dernière longueur en 6a où on a l'impression de se retrouver dans une mesure connue... On sort donc des 10 longeurs que nous avons fait sans manger, tiens, c'est inhabituel pour moi. Et puis - la surprise : le guide a perdu les clés de la voiture. Argghhh, ça fait mal car cela implique un nombre de trucs incroyables. Je dois attraper le TGV à St. Gervais-les-bains à 18h, et il me reste donc exactement 4h30 pour y arriver. 

En fait, l'aventure a commencé à ce moment là : recherche de clés, stop sur route où les voitures passent à une vitesse mortelle (merci au petit jeune qui nous a sauvés au bout de deux km à pied), téléphone à l'hôtel à l'assurance qui envoie finalement un taxi pour me déposer, suite à un trajet en trombe par le tunnel du Mont Blanc, 10 min avant le départ du TGV devant la gare de St. Gervais. Le guide, pendant ce temps, a retrouvé les clés grâce à un couple suisse et la dépanneuse envoyée par l'assurance n'a plus lieu de s'occuper de lui. Bref, tout est bien qui finit bien, mais ça a quand-même sacrément accéléré la journée. 

J'ai pourtant la joie d'avoir découvert un endroit super, un nouveau rocher, et puis le plaisir de pouvoir choisir parmi les voies dures d'un secteur. Une fois de plus je me dis pourtant qu'il vaut vraiment mieux avoir de la marge quand on s'aventure sans guide de montagne en terrain inconnu.