même en absence de neige...
"L’hibernation est un état d’hypothermie régulée, durant plusieurs jours ou semaines qui permet aux animaux de conserver leur énergie pendant l’hiver. Durant l’hibernation les animaux ralentissent leur métabolisme jusqu’à des niveaux très bas, avec la température de leurs corps et des taux respiratoires qui s’abaissent graduellement, et en utilisant les réserves de graisse du corps qui ont été stockées pendant les mois actifs." (wikipédia)

Un animal qui hiberne réellement est le loir.
Je me fais loir depuis quelques semaines. Non pas que ce soit parce que c'est réellement l'hiver, ou parce que je suis forcément moins active, mais bien parce que la maladie m'impose un état émotionnel très particulier.Tout d'abord il me faut endurer. Endurer quelques mois de soins contraignants, endurer l'incertitude, endurer les émotions de tristesse, de peur, de révolte. Endurer aussi les réactions des autres qui sont angoissés devant la maladie.
Ensuite, il faut que je mette mon cerveau au ralenti. Oublier que ça peut mal se passer, oublier qu'il peut y avoir des complications, oublier l'épée de Damoclès qui est dorénavant au-dessus de ma tête.
Puis je dois me mettre en état d'attente. Attente de l'espoir que ça ira bien mieux bientôt, attendre que le prognostic se construise peu à peu, attendre que je puisse de nouveau mener une vie "normale", "comme avant", alors que rien ne sera plus comme avant.
Et en même temps, l'hibernation c'est aussi la certitude que malgré les apparences, la vie est bien là, elle pulse, à son rythme, pour retrouver le printemps, les bourgeons, le soleil. L'hibernation est donc bien un état d'avant quelque chose, un état d'une subtilité insoupçonnée pour celui qui n'y serait pas passé. Si le coeur bat très lentement, c'est que chaque battement prend une importance beaucoup plus grande. Si les belles émotions émergent, c'est que c'est avec une intensité toute inattendue. Et grâce aux autres, grâce à ceux qui me soutiennent, ces belles émotions sont bien là, présentes, déjà en état de faire leur travail intérieur tout en douceur.
Ce qui me touche tout particulièrement, c'est ce que les oracles ont révélé, quand Florence les a interrogés sur mon devenir. Voici ce que dit le 64ème hexagramme du Yi King "avant l'accomplissement", avec 6 à la cinquième place :
"La persévérance apporte la fortune. Pas de repentir.
La lumière de l'homme noble est véritable.
Fortune.
La victoire est remportée. La force de la fermeté n'a pas été mise en échec. Tout a bien été. Tous les doutes sont surmontés. Le succès a justifié l'action. La lumière d'une personnalité supérieure brille de nouveau et fait sentir son influence sur les hommes qui croient en elle et se rassemblent autour d'elle. L'ère nouvelle est arrivée, et avec elle la fortune. Et de même que le soleil après la pluie rayonne dans une beauté redoublée, ou que la forêt, après l'incendie, reverdit avec une fraîcheur accrue à partir de ses débris calcinés, l'éclat de l'ère nouvelle s'augmente par le contraste qu'il forme avec la misère de l'époque ancienne."
En attendant je me prépare. Et je m'enroule mentalement comme ce petit loir tout doux. L'hibernation, c'est aussi le repos.