jeudi 15 décembre 2011

Les biscuits de Noël des spazzacamini

La recette des "Petits Milanais"

C'est le moment - il est même grand temps - de se lancer dans la confection des traditionnels biscuits de Noël. A la fois un plaisir et une corvée, il n'y a pas de Fête qui vaille si l'odeur de ces délicieuses petites friandises n'emplit pas la cuisine des fées de logis en lesquelles nous, les filles, nous nous transformons année après année, au mois de décembre. L'abondance des bonnes choses, des émotions au coin du feu, la chaleur de l'âtre qui protège, nous héberge, tout cela surgit inopinément mêlé à ces parfums délicieux.

Mais les traditions sont toujours aussi des témoignages de douleurs et peines inscrites dans la chair de ceux qui lèguent leur histoire. Dans le cas des "Petits Milanais", c'est le souvenir de tous ces enfants tessinois, les spazzacamini, mis en servage chez des patrons milanais, pour ramoner au moyen de leur propre corps maigrelet, les cheminées étroites et brûlantes des appartements bourgeois de Milano. Nombre d'entre eux périrent au cours de cette tâche périlleuse et pénible, d'autres furent gardés tels des animaux sauvages, sous-nourris, par leurs maîtres patrons qui les exploitèrent, à l'insu des parents des enfants, pauvres montagnards qui crêvaient la dalle. Une fois par an, les enfants eurent le droit de rentrer. Ce fut à Noël - et ce qu'ils ramenèrent à leur famille en guise de cadeau, ce fut justement ces petits pains milanais.

C'était la Suisse, l'Italie, du début du siècle passé. Triste Histoire, pourtant si proche de nous, racontée pour enfants d'une façon saisissante par Lisa Tetzner (Les frères noirs). Les Petits Milanais transportent pour moi toute une histoire familiale qui est certes un peu différente, mais bien parente, celle des "enfants serfs" (Verdingkinder). Elle est symboliquement inscrite dans la confection de ces biscuits de Noël. Et il est ainsi juste de rappeler et de goûter un tout petit peu, chaque année, d'où je viens, d'où mes enfants viennent, et combien la vie est belle et triste, puissante et fragile à la fois. 

Vous voulez savoir quel goût ça a, les "Petits Milanais"? Cliquez ici (il faut un peu de temps pour que le texte soit chargé, ne désespérez pas) pour la recette précise et ma description ethnométhodologique de cette sorte de biscuits de Noël.   

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