Quand plusieurs générations regardent ensemble un film, il est remarquable que la question du tempo soit discutée âprement, à chaque fois. Le film étant soit "beaucoup trop rapide, trop bruyant" ou alors manquant cruellement "d'action, de choses qui se passent", le sujet est emblématique de l'évolution de la perception du temps qui a eu lieu depuis plusieurs dizaines d'années.
Les questions liées au temps sont passionnantes et inquiétantes à la fois.
Notre temps à nous, celui des Occidentaux, est devenu le temps universel, et s'impose aussi aux peuples qui ont une compréhension toute autre. Car le GMT (Greenwich Mean Time) qui a été remplacé en 1972 par le UT - Universal Time - est la mesure de l'avancement du globe terrestre dans l'espace. Et son universalité peut être considérée comme l'une des plus importantes facettes du colonialisme moderne, qui continue bel et bien d'être à l'oeuvre.
La philosophie du temps, la métaphysique aussi, ont occupé les philosophes depuis toujours. Des années d'études nous occuperaient si nous nous y aventurerions. Je ne saurai bien évidemment pas être compétente, mais l'excellent blog de Baptiste Le Bihan est une véritable mine de réflections, d'articles.
Sur le versant sociologique, Le Monde Magazine du 29 août 2010 a publié un article sur les conséquences sociétales de l'incontestable accélération du temps. Hartmut Rosa, un sociologue allemand, décrit les effets d'un temps survolté, à la fois sur les individus, leur vision du monde, mais aussi sur la politique. Un temps qui s'accélère, et nous le voyons avec les gesticulation de Président français, a des effets particulièrement délétères sur la démocratie qui nécessite maturité, réflexion, inscription dans la durée, et des projets politiques lisibles sur le moyen et le long terme.
De son côté, Paul Virilio tente également de penser la vitesse. Il montre les liens du temps avec la guerre, les réseaux informatiques qui peuvent être paralysés à la vitesse de la lumière, et les catastrophes qui ne sont que l'une des deux faces - l'autre étant le progrès - d'une même pièce. La puissance de l'évènement, le temps infinitésimal dans lequel il s'inscrit altèrent profondément notre relation à l'objet. La vitesse devient ainsi le symbole même de toute innovation, de notre réussite et de notre bonheur (propos rapportés dans Le Nouvel Observateur du 5 août 2010)
Sur le versant sociologique, Le Monde Magazine du 29 août 2010 a publié un article sur les conséquences sociétales de l'incontestable accélération du temps. Hartmut Rosa, un sociologue allemand, décrit les effets d'un temps survolté, à la fois sur les individus, leur vision du monde, mais aussi sur la politique. Un temps qui s'accélère, et nous le voyons avec les gesticulation de Président français, a des effets particulièrement délétères sur la démocratie qui nécessite maturité, réflexion, inscription dans la durée, et des projets politiques lisibles sur le moyen et le long terme.
De son côté, Paul Virilio tente également de penser la vitesse. Il montre les liens du temps avec la guerre, les réseaux informatiques qui peuvent être paralysés à la vitesse de la lumière, et les catastrophes qui ne sont que l'une des deux faces - l'autre étant le progrès - d'une même pièce. La puissance de l'évènement, le temps infinitésimal dans lequel il s'inscrit altèrent profondément notre relation à l'objet. La vitesse devient ainsi le symbole même de toute innovation, de notre réussite et de notre bonheur (propos rapportés dans Le Nouvel Observateur du 5 août 2010)
A lire ces documents, à entendre les témoignages, j'ai facilement le bourdon, le moral bien en berne. Comment résister soi-même, si cette nouvelle menace, qui nous est bien plus sournoise qu'un ennemi ouvertement déclaré, risque de nous emporter en un éclair ? Comment ne pas nous enfoncer dans la nostalgie d'un temps où le monde paraissait encore maîtrisable, calculable, prévisible ? Où les grands-pères surent que leurs petits-enfants allaient avoir une vie très similaire à la leur ? Je n'ai évidemment pas vraiment d'idées, mais je pense que le fantasme de maîtrise, de la permanence du Moi, de notre immortalité imaginaire par le biais de la transmission aux générations futures ne peuvent que nous enfermer dans le pessimisme. La transmission opère dans les deux sens : nos enfants nous transmettent tout autant que nous leur transmettons, pour peu que nous puissions être ouverts à ce qu'ils ont à nous apporter. Rester curieux des portes qu'ils pourront nous ouvrir, tout en leur montrant les nôtres (celles que nous avons ouvertes, nous), me semble être le meilleur moyen de vivre sans regrets, dans tous les temps à la fois, Passé, Présent et Futur.
Oui, ce temps nous échappe - mais c'est ainsi depuis Cicéro, quand il s'adresse à Catilina, le subversif, pour s'élever contre la corruption à la fois de son temps et des moeurs. C'est plutôt rassurant, il me semble.
Références :
- Rosa, H. (2010), Accélération - Une critique sociale du tems, Paris: Ed. La Découverte
- Virilio, P., Petit, P. (2010), Cybermonde, la politique du pire, Paris: Ed. Textuel
Références :
- Rosa, H. (2010), Accélération - Une critique sociale du tems, Paris: Ed. La Découverte
- Virilio, P., Petit, P. (2010), Cybermonde, la politique du pire, Paris: Ed. Textuel