jeudi 30 décembre 2010

Randos à ski : Pointe de Vouasson

Bouquet final

Réveil à 6h30 difficile, mais le ciel étoilé magnifique est la récompense pour ce départ tôt le matin. La discussion animée dans la voiture bien chaude est un sursis bienvenu que j'aimerais faire durer encore. Mais une fois arrivé au village de La Gouille (1644m, Valais), tout près d'Arolla, les peaux sont vite montées sur les skis et le top chrono est parti.

Nous montons rapidement dans le bois de mélèzes en doublant trois autres randonneurs. Je suis un peu stressée en raison de la rando assez costaude de la veille, et j'ai comme toujours un peu peur de ne pas y arriver. Le froid de l'ombre matinale aide à monter, mais une fois dépassé la forêt, le soleil apparaît derrière les sommets et rend la montée moins facile. Nous hésitons au bout d'un moment quant à l'itinéraire à emprunter. Après délibération avec la carte, mon frère décide de redescendre au fond de la vallée et de suivre d'autres traces que l'on voit de loin. Nous enlevons les peaux, perdons de l'altitude en redescendant de 50m, remontons les peaux et c'est reparti.

Ces aléas, pour peu qu'on soit déjà relativement éprouvé physiquement, font vite chuter la motivation. C'est tout un acte de volonté pour se remobiliser, ressentir de nouveau la tension dans le corps qui fait avancer. Et j'en ai besoin car la montée est raide. Nouvelle consultation de la carte: nous sommes beaucoup trop au nord, cette fois-ci et il faut traverser sous des pentes un peu raides, ce qui n'est pas sans danger. Mon frère en premier fait la trace de ce nouvel itinéraire, pour rejoindre l'autre trace que nous avions quittée auparavant. Nous maintenons une distance - au cas où "ça partirait". Trompeuse impression : sous la peur, j'insipire à fond en me disant que je pèse moins lourd sur la couverture neigeuse... L'embout de l'Avalung proche de ma bouche, je traverse au plus vite, mais c'est éprouvant. C'est seulement quand nous arrivons de nouveau sur l'itinéraire initial que je me décontracte un peu.

La montée vers la cabande des Aiguilles Rouges est très raide. Cependant, dans notre dos se dresse, majestueuse, la Dent Blanche, ce "fauve prêt à bondir" comme on l'appelle aussi. Au fur et à mesure que nous gagnons en altitude, d'autres sommets apparaîssent, dont le Cervin dans toute sa splendeur, la Dent d'Hérens, l'Obergabelhorn et tant d'autres.

Nous redoublons les trois randonneurs du départ qui étaient restés sur la trace initiale. Quelques mots échangés, on se tutoie, c'est bon enfant. Cela fait plusieurs heures que nous sommes en marche, et j'emprunte un pas assez rapide que je pourrais néanmoins garder pendant encore longtemps - au moins, c'est ce que je me dis. La vallée paraît loin, loin déjà, quand nous arrivons sur le glacier. Enfin, nous voyons le sommet, la Pointe de Vouasson.

Une belle croix sous un soleil radieux nous accueille, à 3498m!  Au pied il y a une insigne d'une urne dont les cendres ont été dispersées, à cet endroit-là. Ferons-nous pareil, plus tard? C'est en tout cas une belle fin pour un corps, je trouve, surtout au vu du calme, de l'isolement et du panorama absolument exceptionnel qui nous entourent. Quelle course fabuleuse !!

La descente est longue avec des passages extra, dans une poudreuse légère, mais la majorité de l'itinéraire se fait dans une neige croûteuse et lourde au point que je fais des conversions pour descendre. Les jambes sont archi douloureuses, et je me prends de plus en plus mal jusqu'à ce que j'enlève les skis sur les dernières mètres de descente.

Nous enfin à la voiture, au bout de 4h30 de montée pour au moins 1700m de dénivelés au total et 1h30 de descente. Je ressens une véritable gratitude envers ce corps qui est si fidèle, une fois de plus, envers le bonheur aussi de pouvoir bouger ainsi, le plaisir après cet effort considérable, et cette proximité avec les choses les plus élémentaires que sont la respiration, la faim, la fatigue, mais aussi et surtout la simplicité et l'intensité de la relation avec ma belle-soeur, mon frère. Nous rentrons chez nous et les étoiles brillent de nouveau. Je crois que le bonheur, c'est bien cela, tout cela ensemble.

mercredi 29 décembre 2010

Randos à skis : Becca di Lovegno

On monte d'un cran

pour cette très belle course qui débute à  Suen (Valais) et qui monte à la Becca di Lovegno. On se fait d'emblée doubler dans le début raide de la forêt au dessus du village : trois mecs et une nana en tenue de course et des skis archi légers nous font sentir un peu comme les Dupond et Dupont au volant de leur voiture dans le désert. On ne se laisse pourtant pas démonter, et notre pas soutenu nous fait traverser des pentes et forêts de mélèzes. Très beau tout cela, mais chaud chaud lorsqu'on rencontre le soleil.

L'altitude fait céder la forêt abruptement. Nous sommes entourés encore une fois d'un panorama spectaculaire : Dent Blanche, Mont..... Comme la trace est assez raide, je n'ai pas trop le loisir de contempler tout cela, d'autant qu'on s'arrête juste un bref instant pour boire un coup et avaler un morceau. L'avantage, c'est que nous gagnons vite en altitude. Nous passons devant une minuscule bergerie avec panneau solaire, svp. il faut ce qu'il faut !

Nous voyons les coureurs qui ont apparemment déjà atteint le sommet et en sont redescendus. Petite consolation : leur avancée n'a pas aussi spectaculaire que l'on pouvait croire au départ. Bonne perf malgré tout car je suis pas mal au taquet. C'est là une véritable ambiance de Haute Montagne, plus encore qu'à la dernière course.

Le sommet est contourné par une traversée d'une combe qui me paraît un peu suspecte au niveau des avalanches, mais comme la neige est déjà tassée, que la trace est bonne et que la pente ne fait pas plus de 30°. Un détail mignon : un skieur précédent a laissé une trace en serpentant dans la neige - qui a aidé un petit lapin à descendre plus confortablement. Nous voyons l'emprunte de ses pattes suivre fidèlement la trace du skieur.


En revanche, sous le sommet, toutes les traces de skieurs s'arrêtent. Tout le monde a fait demi tour, même les coureurs, sans gravir l'arrête sommitale. Nous faisons un dépôt de skis - il fait un vent glacial, au moins monter nous permet de maintenir la chaleur. Et le sommet n'est finalement pas aussi loin qu'on ne pourrait le croire.

Sans traîner, nous entamons la redescente à pied, puis rangeons les peaux, et hop, sur les skis dans la poudreuse. Toute la descente est assez géniale, sauf que je me casse la figure un moment pour ressembler à un Yeti en réemergeant de la neige. C'est dans la forêt que ça se gâte véritablement pour moi... si ce n'était pas de l'entraînement pour des courses techniquement plus dures, je me dirais que je serais vachement mieux sur une piste, tout de même.

Quand nous arrivons au village, il y a un véritable sentiment d'exaltation qui nous traverse. C'était classe comme course, et nous étions assez en forme: 3h45 pour 1400m de dénivelés aller-retour. Les projets pour le lendemain sont déjà en gestation !!




lundi 27 décembre 2010

Randos à skis : Six Blanc

Face au Mont Vélan, un goût de Haute Montagne

Un temps moins splendide que hier, mais nous voilà repartis. Encore une course qui se fait facilement et qui nous fait néanmoins croire au "vrai", à la Haute Montagne, avec tout le panorama splendide qui nous entoure.

A partir d'un minuscule village valaisan, Commeire (1454m), les traces partent sur les pentes enneigées. Une longue traversée dans la forêt, sur un chemin qui monte "mine de rien" et qui nous emmène vers la limite des arbres. Je me trouve moins en forme qu'hier, les skis, c'est lourd, et on avance malgré tout assez vite.

Plus haut, le sommet se démarque avec une pente raide où une grosse avalanche s'est déclenchée. On ne passera pas par là, c'est certain pour moi. D'autres ont osé, mais ils skient certainement mieux que moi. Pourtant, l'itinéraire ne présente pas de difficultés, à part quelques pas raides juste en dessous du sommet. Le danger d'avalanches est certes notable, mais l'endroit est relativement protégé. Tiens, d'ailleurs, j'ai enfin emporté l'Avalung qui permet de respirer sous la neige, si jamais. Bon, ce n'est pas une perspective réjouissante, et la prise de risque doit de toute manière être évitée.

La respiration dans la large combe reflète l'altitude (2445m) qui est toujours difficile pour une Francilienne :o( Va falloir que je continue à m'entraîner, mais comme le dit mon frangin, je fais partie des bons amateurs, donc c'est pas mal. Faire plus, ce serait rejoindre les pros et là tu te prends de sacrées gifles, vu qu'ils sont archi meilleurs. Que je me le tienne pour dit, et au bout de 2h30 de montée, je profite de la vue du sommet qui est magnifique malgré un ciel voilé.

Malgré l'absence de visibilité, une descente assez divine, dans une poudreuse légère, nous ramène trop vite au village. Un bon vin chaud et la journée aura été "tip-top" !!

dimanche 26 décembre 2010

Randos à skis : Petit Chatillon

Mise en jambes devant la porte du chalet

Un petit sommet qui est toujours indiqué lorsqu'on a envie de rien faire, quand on est crêvé, quand les conditions de neige sont pourries, quand on initie un pote à la rando à ski,... Aujourd'hui lendemain du réveillon, on a picolé un peu, on s'est couché tard bikoz cadeaux, et en se levant on s'est dit que définitivement, aujourd'hui on reste au chaud. Sauf que ce sont des résolutions qui tiennent approximativement 5'23", avant qu'on se fasse embarquer par untel qui veut tester ses nouveaux skis, l'autre qui est déjà de mauvais poil depuis x jours car il n'a pas mis le pied dehors depuis x jours, et qu'on se dit à soi-même que l'entraînement va rester en rade si l'on continue sur cette pente. Toutes les raisons invitent au Petit Chatillon, donc.

C'est ma première rando de la saison, il fait -8°C et 25 cm de poudreuse est tombée depuis deux jours. Ce qui est étonnant, c'est qu'il y a toujours, toujours une trace, quel que soit le temps, quel que soit le jour. A fortiori aujourd'hui, avec ce soleil. Nous montons avec un bon rythme, et je me dis que c'est bien la première fois, en tout début de saison, que je peux capitaliser sur ce que j'ai fait auparavant.

La trace mène d'un alpage à l'autre, où l'été les armaillis habitent avec leurs troupeaux de vaches. Le paysage enneigé est féerique jusqu'au bout, avec, au sommet, une vue imprenable sur la vallée du Lac Léman d'un côté, sur le Montblanc de l'autre. Sur les crêtes du toit de l'Europe se dressent des nuages de neige soufflée par un vent qu'on imagine facilement insoutenable. Là, on est à l'abri, au soleil, après près de 1000 m de montée. C'est très bien de se faire une petite descente rapide, de revenir au chalet pour se siffler un bon vin chaud. Et de commencer à forger les projets pour le lendemain... Ah non, demain, on restera au chaud ;o)

Noël blanc en black

Le monde dans un petit village


avec l'incomparable interprétation d'une très grand dame noire. Que de beauté, de force et de liberté...

dimanche 19 décembre 2010

L'hiver des pauvres

Aujourd'hui, en France...

L'hiver des pauvres s'affiche dans les rues, avec insistance: sous les porches peu fréquentés, dans les entrées délaissées, au-dessus d'une source d'air chaud qui sort d'une bouche sur un trottoir, une place. Depuis le début de l'année 2010, 340 SDF sont morts dans la rue, en France, dont 11 en raison du froid - la violence, l'alcool ayant eu raison de la vie des autres. On survit donc à l'hiver, semble-t-il, mais dans quelles conditions, dans quel abandon, dans quelle tristesse? Le 15 décembre, le collectif "Morts dans la rue" a rendu hommage aux décédés, afin d'agir pour les vivants. Pour que nous ne passions pas si vite devant ces petits cartons qui demandent une pièce. 

... et il n'y a pas si longtemps, en Suisse

Car nous passons vite devant ces petits cartons qui demandent une pièce, pour mieux oublier que nous pourrions aussi être à cette place. D'autant qu'il y a deux générations seulement, dans le Suisse riche et prospère, la misère avait des allures similaires.

Un garçon de 8 ans, retiré à sa mère parce que son père s'était suicidé. Placé par l'Etat dans une famille de riches paysans, qui faisaient dormir l'enfant dans le grenier de la maison des valets. Un lit glacial, une chambre qui ne protègait que très peu l'enfant des rixes entre valets, une nourriture insuffisante que venait enrichir seulement de temps à autre, au prix d'un grand risque, un oeuf cru volé aux poules. Seule compassion de la part des fermiers - très protestants, d'ailleurs - lorsque la neige commençait à tomber : des sabots en bois où le garçon pouvait glisser ses petits pieds nus, afin qu'il continuât à travailler pour justifier son existence.

Une fillette de 8 ans également, l'aînée de 5 soeurs et un frère, moins abandonnée émotionnellement, mais exposée elle aussi à la dureté de la vie sans aucun ménagement. Ses chaussettes, elle devait les tricoter elle-même si elle voulait avoir de quoi se protéger du froid. La marche à l'école de plus d'une heure le matin, dans la neige haute, la faisait arriver en classe détrempée. Un petit lac se formait sous sa chaise quand les pelotes de neige fondirent. Ce fut juste avant d'entamer la marche du retour, le soir venu après l'école, vers la ferme familiale, qu'elle avait des habits devenus secs peu à peu par la chaleur de son propre petit corps de fille.

Ce fut l'histoire de mon grand-père, un "Verdingkind" (earning child). L'autre est celle de ma grand-mère, ayant grandi dans une minuscule ferme en quasi autarcie. Ce fut en Suisse, autour des années 1920.

Des "Verdingkinder", on ne sait que peu, en raison du silence lié la honte qu'ils éprouvèrent pendant toute leur vie pour avoir été ainsi placés. L'absence d'éducation de base est certainement aussi une des raisons qui nous laisse avec peu de récits. Une exposition rend enfin hommage aux enfants placés et à leur jeunesse volée. Leur histoire rejoint ceux des petits spazzacamini, ces enfants pauvres du Tessin qui furent vendus à des petits patrons, où ils devaient ramoner les cheminées des bourgois de Milan.

dimanche 12 décembre 2010

Courses à pied : Bois de St. Cucufa

La routine apaisante

Cette course, j'ai dû la faire au moins 300 fois depuis 10 ans. Lasse ces derniers mois d'avancer dans mes propres ornières, j'avais délaissé le bois de St. Cucufa qui est pourtant devant ma porte. Sauf que, ces derniers temps, j'ai failli être sujette à des malaises, à plusieurs reprises, en particulier lorsque j'étais enfermée dans les transports en commun parisiens complètement bondés. Je m'étais même interrogée sur une éventuelle insuffisance respiratoire... psychotage ou non?  Là, il fallait avoir le coeur net.

Donc, je m'y résous, les pieds de plomb : je retourne au bois malgré la familiarité du parcours et le nombre d'autres "usagers" que j'y retrouve : les scouts en shorts (Versaillais, c'est normal, il faut entraîner la jeune classe à l'ascétisme, surtout lorsque le thermomètre chute), les papys et mamies en troupeau serré dans les chemins gras et boueux, enfants et poussettes, VTTs et coureurs, chiens et chevaux... Je me demande bien comment les quelques chevreuils de cette forêt arrivent à trouver des coins de refuge pour survivre à la foule bigarrée.

Et malgré ce monde, le bois est d'une beauté toujours changeante et les coins solitaires existent bel et bien. Cette nuit, j'avais été réveillée par deux chouettes qui se répondaient en hululant, d'un chêne à l'autre. Ce matin, les canards et mouettes, un héron aussi, se reposent sur les plaques de glace qui flottent encore dans l'étang malgré le dégel. La neige d'il y a quelques jours a failli avoir raison de quelques saules sur le rivage: le poids de la doudoune blanche sur leurs branches les fait pencher dangereusement au-dessus de l'eau. Les arbres sont nus, le ciel gris de plomb, un léger vent frisquet, c'est le bois dans son manteau d'hiver.

Montées, descentes, plats et faux plats, cardio dans les escaliers, résistance et conti, tout y est pour décrasser les organes respiratoires devenus par trop citadins. L'air frais rentre dans les alvéoles les plus fines de mes poumons - ils se redéploient peu à peu, se plient à l'effort, travaillent en rythme avec le coeur qui donne la cadence. Quel bonheur de pouvoir sentir son corps se mouvoir avec légèreté et agilité. Une gratitude aussi pour sa fidélité: il est au rdv dans cette 1h30 de course qui peut se faire d'une façon impliquante.

Je suis rassurée, tout à l'air de "fonctionner" comme il faut. J'avais certes psychoté un peu, mais le physique est bien plus apaisé lorsqu'il a pu se remettre en marche. Mens sana in corpore sano... quod erat demonstrandum.

Photos: prises par A.V. le 9 décembre 2010

lundi 6 décembre 2010

Samichlaus - Saint Nicolas

...ou l'interculturalité d'une légende

Clivage du bien et du mal dans la culture catholique, ambivalence chez les Protestants.

Trois petits enfants perdus sont découpés et mis en saloir par un boucher. Au bout de sept ans, ils sont ressuscités par Le Grand Saint Nicolas. C'est ainsi en France.



Et le "Samichlaus", bon et sévère à la fois, au courant de tous les faits et méfaits de chaque enfant. Il apporte les premières mandarines, des noix et des pains d'épices pour les obéissants, le fouet pour ceux qui ne veulent écouter les grands, et emportant avec lui les "très méchants", pour les faire travailler chez lui, dans la forêt, pendant toute une année. C'est comme cela que cela se passe en Suisse.

Es nachtet scho und schneielet
Du liebi Ziit, ganz grüüsli
De Chlaus leit jetzt sin Mantel aa
Und bschlüsst druf no sis Hüüsli.

Er holt de Schlitte us em Schopf,
Spannt's Eseli gschwind aa,
Und ladet d'Seck und d'Fitze n'uuf
Wo n'er für d'Chind mues haa.

"Hü! Trämpeli" seit er, "S'isch jetzt Ziit,
de Wäg is Schtedtli isch no wiit
Mir händ hüt s'Aabig gar vil z'tue,
Hü! Trämpeli, lauf artig zue!"

Wie sind die Seck so dick und schwer...
Wer chunt ächt d'Fitze n'über, wer?
De Chlaus weiss alles ganz genau,
Drum Chinde, bitti, folged au!!

dimanche 5 décembre 2010

L'esthétique de l'instinct

La grâce et la mort

Touchante et belle vidéo de ce renard chasseur, malin et beau, engageant tout son corps, sa vie, dans cette traque de la proie. Est-ce le privilège de l'animal que de pouvoir s'arrêter au moment "juste", lorsqu'il est opportun et nécessaire de fermer la Gestalt de la mise à mort?





Etrange coexistence de cette grâce et de la mort, pour nous, les humains. Susan Sontag, dans son essai critique sur l'oeuvre de Leni Riefenstahl, montre cette fascinante et éminemment dangereuse proximité de l'esthétique et de la mise à mort institutionnelle. 

La médiatisation de l'instinct de vie et de mort ne se fait pour l'Homme que d'une manière très progressive et incertaine, par l'intermédiaire des mythes et des contes. René Girard dans "Le bouc émissaire" et "Les choses cachées depuis la fondation du monde" retrace cette incertaine transition.
  
Interrogation ritualisée et trop facilement expiée dans les corridas et autres combats de coqs - que Charlie Hebdo se charge de dénoncer très régulièrement.

L'humour reste probablement l'arme la plus efficace - et aussi la plus difficile.