vendredi 6 janvier 2012

Rien ne s'oppose à la nuit

et rien ne justifie...

Comment entrevoir la maladie qui abîme, dévore et engloutit peu à peu un être? Comment apprivoiser des questions que l'on n'ose pas penser ? Comment faire face à une réalité qui s'impose tant et qui paraît pourtant ne pas appartenir à celui qui la vit ?

Dans ma clausure du monde, de ma vie, de moi-même, je fais tourner les mots, les interrogations, les exclamations sur mon devenir, si certainement positif par moments, si fragile par d'autres. M'attacher à d'infimes détails qui me font avancer sur mon sentier parfois indéchiffrable. En extraire une joie infinie, insoupçonnée. Puis basculer vers le noir profond, l'abîme qui s'ouvre à l'intérieur de mon corps. A tour de rôle, comme une ronde  indomptable.

Delphine de Vigan en dépeint les contours, la texture et la sonorité dans son livre dans lequel elle raconte sa mère. Saisissante recherche de justesse sur ce qu'est la condition humaine lorsqu'elle est fragile, friable, lestée par un poids du passé qui se conjugue à un présent insaisissable. Lorsque les limites du corps imposent des contours étroits à la volonté, à l'esprit, à l'âme. Et où d'impensables petits plaisirs parviennent néanmoins à donner un sens à l'existence, où l'amour, sous ses contours si vagues, imprime malgré tout une direction et un sens. 

Qu'est-ce qui s'oppose à la nuit? Rien, finalement, car la nuit finit par vaincre. Vaincre, tout court. 

Et pourtant, je ne peux l'envisager, entendre, le ressentir au plus profond de moi. Car c'est bien dans ces instants, où je suis consciente que la nuit s'approche irrémédiablement, que je pense à tous ceux qui y sont allés avant moi. En la combattant, en y résistant, mais aussi parfois en l'accueillant avec résignation ou avec soulagement. C'est un savoir tout particulier : moi aussi, à mon tour, j'irai un jour vers ce destin auquel d'innombrables autres avant moi ont su faire face. C'est un savoir qui me paraît consolant, voire rassurant : je ne ferai, le moment finalement venu, rien d'autre que rejoindre ce que l'humanité a de plus profond à traverser. Je serai à ce moment-là en très bonne compagnie de tous ceux qui m'accueilleront dans la nuit.

Mais d'ici là, j'ai le temps, le temps de la vie, du plaisir - et surtout celui de la créativité. Saisir justement la fragilité et la beauté de tous ces instants offerts, volés. Comme ce cheval blanc d'Alain Bashung. Oser ce qui semble impensable. Oser et oser encore. Tant qu'il y a du mouvement, il y a de la vie.


de Vigan, D. (2011), Rien ne s'oppose à la nuit, Paris : JC Lattès

Alain Bashung : Osez Joséphine

A l'arrière des berlines
On devine
Des monarques et leurs figurines
Juste une paire de demi-dieux
Livrés à eux
Ils font des p'tits
Il font des envieux

A l'arrière des dauphines
Je suis le roi des scélérats
A qui sourit la vie

Marcher sur l'eau
Eviter les péages
Jamais souffrir
Juste faire hennir
Les chevaux du plaisir

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Usez vos souliers
Usez l'usurier
Soyez ma muse
Et que ne durent que les moments doux
Durent que les moments doux
Et que ne doux

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plsu rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Osez osez
Osez osez
Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

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