dimanche 12 décembre 2010

Courses à pied : Bois de St. Cucufa

La routine apaisante

Cette course, j'ai dû la faire au moins 300 fois depuis 10 ans. Lasse ces derniers mois d'avancer dans mes propres ornières, j'avais délaissé le bois de St. Cucufa qui est pourtant devant ma porte. Sauf que, ces derniers temps, j'ai failli être sujette à des malaises, à plusieurs reprises, en particulier lorsque j'étais enfermée dans les transports en commun parisiens complètement bondés. Je m'étais même interrogée sur une éventuelle insuffisance respiratoire... psychotage ou non?  Là, il fallait avoir le coeur net.

Donc, je m'y résous, les pieds de plomb : je retourne au bois malgré la familiarité du parcours et le nombre d'autres "usagers" que j'y retrouve : les scouts en shorts (Versaillais, c'est normal, il faut entraîner la jeune classe à l'ascétisme, surtout lorsque le thermomètre chute), les papys et mamies en troupeau serré dans les chemins gras et boueux, enfants et poussettes, VTTs et coureurs, chiens et chevaux... Je me demande bien comment les quelques chevreuils de cette forêt arrivent à trouver des coins de refuge pour survivre à la foule bigarrée.

Et malgré ce monde, le bois est d'une beauté toujours changeante et les coins solitaires existent bel et bien. Cette nuit, j'avais été réveillée par deux chouettes qui se répondaient en hululant, d'un chêne à l'autre. Ce matin, les canards et mouettes, un héron aussi, se reposent sur les plaques de glace qui flottent encore dans l'étang malgré le dégel. La neige d'il y a quelques jours a failli avoir raison de quelques saules sur le rivage: le poids de la doudoune blanche sur leurs branches les fait pencher dangereusement au-dessus de l'eau. Les arbres sont nus, le ciel gris de plomb, un léger vent frisquet, c'est le bois dans son manteau d'hiver.

Montées, descentes, plats et faux plats, cardio dans les escaliers, résistance et conti, tout y est pour décrasser les organes respiratoires devenus par trop citadins. L'air frais rentre dans les alvéoles les plus fines de mes poumons - ils se redéploient peu à peu, se plient à l'effort, travaillent en rythme avec le coeur qui donne la cadence. Quel bonheur de pouvoir sentir son corps se mouvoir avec légèreté et agilité. Une gratitude aussi pour sa fidélité: il est au rdv dans cette 1h30 de course qui peut se faire d'une façon impliquante.

Je suis rassurée, tout à l'air de "fonctionner" comme il faut. J'avais certes psychoté un peu, mais le physique est bien plus apaisé lorsqu'il a pu se remettre en marche. Mens sana in corpore sano... quod erat demonstrandum.

Photos: prises par A.V. le 9 décembre 2010

1 commentaire:

  1. 19 décembre, une semaine plus tard, je cours sous la neige, sur la neige, dans la neige. Un silence, une lumière, le froid enveloppant, l'effort lent et continu, le bruit de ma propre respiration, les cheveux gêlés auxquels s'accrochent de petites pelotes de neige.

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