lundi 15 août 2011

Escalade au col de Grimsel (Eldorado), Suisse : Motorhead

Une voie mythique et d'un esthétisme rare

Les frères Rémy ont bien secoué l'escalade classique, ne serait-ce qu'avec les noms des voies. Motorhead est en effet un bijou que des centaines de cordées gravissent chaque année. Ce fut un rêve pour moi aussi, car les lignes pures et belles de ce rocher granitique m'ont déjà impressionnée lorsque j'avais fait "Schweiz Plaisir" au même endroit, mais au nom beaucoup moins drôle. Ben oui, les noms des voies, c'est important, et les ouvreurs excellent souvent avec une ingéniosité comique.

Donc nous voilà de nouveau partis à l'aube dans cette vallée superbe, pour accéder aux voies au bout de deux heures de marche sur un sentier au dessus d'un lac de barrage. Ce sentier avait dû être créé par la compagnie électrique étant à l'origine du mur qui ferme la vallée. Comme nous n'avons pas traîné malgré des sacs lourds (plein de matos et moi trop de fringues par peur du froid), nous sommes les premiers au pied de la voie.

Sans tarder, nous attaquons - et j'éprouve déjà une sacrée difficulté au premier dièdre, très beau, certes, mais d'un liiisssse... Après l'escalade sur le calcaire, faut s'habituer de nouveau au granite ! Puis coup de stress pour moi d'un autre ordre : la deuxième cordée arrive également au pied de la voie. Ahh, pourvu que je ne les retarde pas, c'est mon angoisse à moi. Pourtant, j'ai déjà bien attendu, moi aussi, derrière une autre cordée, et je n'en suis pas morte. Mais bon...

Les frères Rémy sont aussi champions de l'escalade engagée, et cela se déploie merveilleusemnt ici. Les longueurs sont parfois difficiles à protéger et bien que la paroi soit inclinée, l'engagement pour le premier est important. Le second a moins à faire, juste suivre, il n'y a pas tant de force à mobiliser. Les lignes sont d'une beauté rare, et l'on est étonné de pouvoir grimper ce genre de voie dans son propre pays et non pas quelque part, loin très loin, à l'autre bout du monde.

En dessous de nous, le nombre de cordées augmente, et je déstresse car nous gardons bien le lead, surtout après les longeurs de dièdre difficiles. La nature est sublime, et nous l'apprécions d'autant plus que quelques semaines auparavant nous avons été déboutés par la pluie, le brouillard et le froid. En L12, un pas difficile couronne véritablement cette ligne de faille naturelle du rocher. C'est splendide bien que toujours très lisse.

Peu après, les 14 longeurs sont derrière nous, nous sommes dans le silence de cette vallée entourée de montagnes enneigées. Le sentier de retour est indiqué par de beaux cairns, et il passe très vite dans des herbes trempées d'eau qui cherche son chemin vers le lac. Nous en avons plien les chaussures, mais peu importe, au bout d'un moment, on ne sent plus rien.

Le retour me semble long, très long, mais la beauté du sentier compense les nombreux hauts et bas que trace le chemin. J'arrive au barrage moulue - et c'est à ce moment précis que nous entendons une mélodie toute nostalgique au cor des alpes. En effet, en bas et prenant le mur comme paroi réflechissante, 14 joueurs d'Alphorn nous font un accueuil très hélvète. Que de souvenirs d'enfant qui remontent, c'est très émouvant pour moi. Bref, journée belle et intense, tout ce qu'il me faut.

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