Un pendant terrible au post précédent

Pourtant, les enfants soldats, c'est aussi le sujet d'autres histoires dont je me souviens, comme celle de "Allah n'est pas obligé" (2000), un livre d'Ahmadou Kourama (Prix Renaudot, Prix Goncourt des Lycéens 2001) déjà lu il y a quelque temps. Un récit moins concis que celui d'Iweala, parfois presque lassant, mais toujours aussi vrai et dérangeant sur les enfants soldats du Libéria et du Sierra Léone. La maladie, la sorcellerie, la condamnation et l'exclusion font encore une fois appel à nos propres fantasmes refoulés, et nous exhortent à nous les représenter, les malaxer, les travailler, sous peine de les agir, les vivre sous une forme ou une autre. Car non, Allah n'est pas obligé d'être juste, et un destin comme cela peut tomber sur n'importe qui... avec plus de risque, cependant, pour ceux qui "sont petits nègres", comme le dit le héros, Birahima, un garçon de 10 ou 12 ans, qui ne connaît pas son âge véritable.
De tous ces sujets profonds, à travers la trame des malfaits de miliciens, la voix de Léonora Miano (prix Goncourt des Lycéens 2005) en parle aussi, d'une manière puissante, effrayante, à peine soutenable. A l'Intérieur de la Nuit (2005) est le début d'une trilogie impitoyable. Le lien tribal qui lie l'humain à l'autre, l'étranger qui vient perturber ce fantasme initial d'une fusion éternelle, ce sont bien entendu aussi nos thèmes à nous. Nos peurs, nos angoisses, nous mettons pourtant tellement de soin à les éloigner loin, loin de nous. Refoulement, clivage - le terrible, ce n'est pas nous. Et pourtant - là encore, la réalité nous rattrape puisqu'elle se déroule presque sous nos yeux, fussent-ils fermés.
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