Urgent : que penser ?
En Australie, société véritablement multiculturelle, la presse s'interroge sur l'interdiction de la burqa par le gouvernement français. Cela ne revient-il pas, entre autres, à enfermer ces femmes définitivement chez elles et leur ôter encore des libertés, si infimes soient-elles?
Lorsque nous survolons Lahoré, le Pakistan, cette région du monde en proie aux évènements graves, je me dis que juste en-dessous de chez moi dans cet avion, il y a tant de drames qui se jouent.
Ma fille me demande, au bout de près de 40h de voyage, en voyant assis à côté une jeune maman qui porte le foulard, ce que je pense de cette question qui l'interpelle aussi. Rien, évidemment, rien dans mon petit agacement et ma fatigue d'un retour en France interminable.
Je suis de nouveau chez moi, je parcours les journaux et magazines qui se sont accumulés pendant ces dernières semaines. Je tombe sur le TIME du 2 août 2010, la couverture montrant Aisha, jeune fille afghane mutilée, avec le titre "What happens if we leave Afghanistan". La photo, l'article sont pour moi un choc, une révolte - mêlés tout de même au soupçon que les militaires et les services de l'intelligence américans, devant la déconfiture dans ce pays insoumis, ont bien besoin d'un tel coup de pouce.
Soupçons de propagande donc, oui, mais néanmoins, il y a la réalité de ces 20 millions de femmes qui "manquent", dans le sous-continent sud-asiatique (Inde, Benglades, Pakistan) ! 20 millions - des fétus féminins avortés, de petites filles que l'on refuse de faire soigner par le médecin et que l'on laisse mourir, de jeunes filles mariées précocement à un homme qu'elles n'ont très majoritairement pas choisi, et lorsqu'elles n'arrivent pas à accoucher d'un garçon, il leur arrive ce qui est relaté par les journaux comme un "household accident" auquel souvent les victimes ne survivent pas, ou alors plus que comme des phantômes n'ayant plus leur place parmi les vivants : brûlure avec du kérosène, jet d'acide dans le visage... Ou lorsque ces femmes n'arrivent plus à subir les mauvais traitements de la part de la belle-famille, il leur arrive bien trop souvent ce que Aisha a dû se laisser infliger par son propre mari.
Donc, que penser ? Pouvons-nous avoir un débat dépassionné autour d'un sujet aussi grave? Le Sydney Morning Herald du 7 août 2010 cite un nombre d'auteurs afghans, d'organisations féministes qui appellent à un débat nuancé. Je me suis rendue compte de l'importance d'une telle réflexion de qualité, lorsque j'avais habité en Inde, en me posant la question de l'égalité des droits des femmes indiennes. L'exemple d'un parcours allant toujours plus à la nuance est celui d'Elisabeth Bumiller qui a écrit cet excellent livre. A quand un tel document sur les femmes afghanes?
Ici, en Suisse, la radio relate les interrogations des différents cantons sur la pertinence d'une interdiction du port du foulard dans les écoles. Certains cantons, comme le Valais, n'en ont jamais eu à en débattre. La ministre de l'éducation du canton de Zurich propose que chaque école, chaque instituteur puisse décider au cas par cas ; du moment que cela se fait dans la bonne entente avec tous les intéressés... Petit monde bienheureux - et cela me fait tant de bien - mais pour combien de temps encore ?
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